pourquoi leur impact sur l’économie est limité

Le 19 janvier, entre 1,12 et 2 millions de Français ont manifesté dans tout le pays contre le projet de réforme des retraites du gouvernement, avec une nouvelle journée d’action prévue mardi. Ces grèves auront-elles des conséquences sur l’économie en général, et sur les entreprises en particulier, dans un contexte déjà caractérisé par une inflation élevée et une croissance lente ?

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D’un point de vue historique, la recherche montre que même si l’économie peut subir des pertes à court terme, les grèves ne nuisent pas à la croissance à long terme.

Il convient déjà de noter que le nombre de jours de grève pour 1 000 salariés a fortement diminué depuis 1970 et que la croissance a suivi des trajectoires très différentes, comme le montrent les chiffres ci-dessous :

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En général, l’impact économique des grèves est donc généralement limité à la période de mobilisation, et les pertes enregistrées sont généralement rapidement récupérées dans les mois suivants. D’un point de vue macroéconomique, l’effet dépendra en fait de l’ampleur et de la durée du conflit.

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A titre d’illustration, l’impact des grèves de novembre 1995 contre le plan Juppé et sa réforme des retraites a été inférieur à 0,2 point de perte de croissance du PIB national au quatrième trimestre de l’année, alors que le mouvement social a duré trois semaines.

Quant au mouvement social de novembre 2007 contre la réforme des régimes spéciaux de retraite, il a plus mobilisé qu’en 1995, mais n’a duré que 10 jours, générant une baisse d’environ 0,2 point de PIB entièrement compensée par les suivantes.

Autrement dit, si pendant la grève il y a baisse de la consommation des ménages et ralentissement de l’activité de certaines entreprises, cet effet n’est pas durable.

Les investisseurs étrangers sont toujours présents

Contrairement à ce que l’on pourrait penser, les mouvements sociaux nuisent très peu à l’attractivité de la France aux yeux des investisseurs étrangers. L’observation simultanée de l’évolution des grèves et des entrées d’IDE étrangers (investissements directs étrangers) sur de longues périodes montre que les montants ne sont pas proportionnellement inférieurs à ceux observés dans des pays dix ou vingt fois moins sujets aux grèves comme l’Allemagne ou l’Espagne.

Par exemple, la forte mobilisation en 2010 contre la réforme des retraites d’Éric Woerth, qui a fait descendre plus d’un million de personnes dans la rue, ne s’est pas traduite par une baisse permanente des investissements étrangers en France, comme le montrent les chiffres de l’Organisation de coopération et de développement économiques. (OCDE) en attestent : l’afflux d’investissements étrangers s’est élevé à environ 14 milliards de dollars en 2010, pour atteindre près de 32 milliards l’année suivante et 34 milliards en 2012.

En revanche, les effets des grèves se font plus fortement sentir au niveau des entreprises, qui peuvent subir des pertes sèches lorsque ces grèves les affectent directement, comme c’est parfois le cas dans l’industrie et les transports. mais qu’est ce que c’est exactement? Quelles sont les conséquences des grèves sur les entreprises, notamment sur leurs résultats économiques ?

Entreprises fragilisées

Les grèves peuvent nuire à la performance économique d’une entreprise de plusieurs façons. Tout d’abord, les grèves entraînent directement des perturbations dans les entreprises qui y sont confrontées. En effet, les arrêts de travail consentis par les salariés de l’entreprise ont des conséquences directes sur sa production et par conséquent sur ses résultats économiques. Les entreprises de transport, par exemple, subissent régulièrement des grèves qui affectent directement leurs résultats économiques. En octobre 2018, par exemple, les grèves qui ont touché les secteurs ferroviaire et aérien ont réduit de près de 2 % le volume de la production marchande pour les transports, notamment le transport de voyageurs (-6,5 %).

Plus précisément, la grève de 15 jours d’Air France a coûté à la compagnie aérienne près de 335 millions d’euros. De plus, les grèves peuvent également perturber certaines infrastructures telles que les dépôts de carburant, les réseaux ferroviaires ou les ports, entraînant des difficultés d’approvisionnement et affectant indirectement toutes les entreprises.

Les grèves des raffineries d’octobre dernier ont fait chuter la production industrielle de 2,1%, selon les chiffres de l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee). Tous les secteurs d’activité ont également enregistré une baisse d’activité dans le même temps. En dehors du secteur industriel, les mouvements sociaux dans le secteur des transports (SNCF, RATP, Air France, etc.) fragilisent souvent toutes les activités liées au tourisme, comme l’hôtellerie et la restauration, l’artisanat et le commerce.

Enfin, l’activité des entreprises peut être affectée par l’introduction de pratiques de travail plus restrictives ou d’augmentations salariales en réponse aux revendications des grévistes. C’est le cas lorsqu’une grève débouche sur des accords qui financent des charges de personnel qui ne sont pas toujours compensées par des gains de productivité.

Dans un contexte de forte inflation, on assiste depuis plusieurs mois à une augmentation des revendications salariales dans de nombreuses entreprises. Par exemple, en octobre dernier la Confédération générale du travail (CGT) a appelé à la grève chez Geodis (filiale de la SNCF) pour réclamer une meilleure répartition des richesses réclamant des hausses de salaires, une revalorisation des primes ainsi que des compensations pour les bas revenus. Un accord a finalement été trouvé avec l’administration.

Le recours à la grève s’est toutefois fortement réduit ces dernières années et ses effets sont certainement moins prononcés qu’auparavant. Les experts proposent plusieurs explications. La stabilisation du taux d’organisation syndicale à un des niveaux les plus bas d’Europe, la transformation du monde du travail avec la tertiarisation puis l’ubérisation de l’économie, l’augmentation du chômage, le coût financier que cela peut représenter pour les grévistes et … le travail à distance, qui évite notamment les désagréments dans les transports et réduit de facto l’impact des grèves sur l’opinion publique.

Cependant, le politologue Tristan Haute nuance cette idée : en effet, si les télétravailleurs peuvent régulièrement s’isoler de leur collectif de travail, il n’en reste pas moins qu’ils participent autant que les autres aux actions collectives lorsqu’elles se présentent.

Une grève vous rend-elle plus productif ?

Cependant, une grève peut aussi être considérée comme une forme d’expression visible de non-coopération. Les grèves seraient des manifestations extérieures d’une mauvaise humeur dans l’entreprise, qui se traduit par un moral bas des employés, des taux d’absentéisme élevés, un refus de coopération volontaire avec l’employeur, etc. En ce sens, une grève peut avoir un effet positif sur la productivité du travail en permettant la résolution de certains conflits, ce qui améliorerait le moral des salariés et leur coopération.

Contrairement aux options temporaires (absentéisme, sabotage, indiscipline, etc.) ou permanentes (démission), la divulgation des employés serait associée à des niveaux plus élevés de satisfaction au travail et d’investissement.

L’économiste Jérémy Tanguy observe ainsi l’effet non linéaire des grèves sur la productivité du travail : en France, les mouvements sociaux ont d’abord un effet positif, puis décroissant, voire négatif au-delà d’un certain nombre de grèves sur le marché du travail. 5 par an). Selon le chercheur : “Cet effet positif de la fréquence modérée des grèves sur la productivité du travail peut être interprété à travers leur rôle dans la fourniture d’un mécanisme d’expression collective, censé être bénéfique pour la coopération et l’effort des employés sur le lieu de travail. »

Ces premiers résultats dans le contexte français, rares dans la littérature scientifique, doivent maintenant être approfondis et analysés sur une période plus longue.

Au final, les grèves ont des effets limités sur la croissance économique car l’activité perdue est rapidement récupérée dans les mois qui suivent un arrêt de travail. La situation est différente au niveau microéconomique, où certaines entreprises peuvent subir de graves pertes économiques. Cependant, contrairement à une idée reçue, les conséquences des grèves sur la productivité des entreprises ne sont pas systématiquement négatives.

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Cet article est republié de The Conversation sous une licence Creative Commons. Lire l’article d’origine.

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