L’interdiction du plomb va-t-elle sonner la fin de l’art du vitrail en France ?

Le 23 juillet 2022, la verrière française Flavie Vincent-Petit travaille au nettoyage et à la restauration des vitraux de la cathédrale Notre-Dame de Paris dans son atelier de Troyes. FRANCOIS NASCIMBENI / AFP

Dans la lutte contre le saturnisme, qui tue un million de personnes par an, la loi se durcit. Le problème : l’étain, qui peut remplacer le plomb, est beaucoup plus cher.

Une baguette magique, à défaut de baguette de plomb ? Quatorze personnes travaillent dans cet atelier familial du XVe siècle sous un arc-en-ciel de verrières colorées.e de l’arrondissement de Paris, aujourd’hui dirigée par Emmanuelle Andrieux, maître verrier. Un temple vitrail où l’on restaure autant que l’on crée.

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Du petit au monumental, des morceaux de verre de l’escalier au dôme des Galeries Lafayette“, précise-t-elle. Et, comme au temps des bâtisseurs de cathédrales,toujours dans les règles de l’art“. Autant de techniques anciennes telles que les modèles à l’aquarelle, la découpe de plaques de verre, la peinture et la cuisson à 630°C et le pressage des pièces qui consiste à les relier à des tiges de plomb.

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Le plomb a des propriétés extraordinaires. Il est très solide et très flexible et peut durer des années voire des siècles sans se gâter.“, raconte Emmanuelle Andrieux. Cependant, son utilisation pourrait à terme être interdite, si elle figure parmi les substances dangereuses pour la santé et l’environnement que l’Union européenne veut éliminer d’ici 2030, et qui sont listées dans le règlement Reach.

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Dommage collatéral»

Selon l’Organisation mondiale de la santé, “il n’y a pas de seuil en dessous duquel l’exposition au plomb n’aurait pas d’effets nocifs“. Le saturnisme, le saturnisme, tue chaque année près d’un million de personnes dans le monde. Dans le collimateur de l’UE : l’industrie des batteries de véhicules, qui représente plus des trois quarts du tonnage mondial de plomb. Mais le commerce du patrimoine, du vitrail artistes aux facteurs d’orgues, elle ne sera pas épargnée.

On nous a clairement dit que nous étions des dommages collatéraux“, raconte Emmanuelle Andrieux. cette “énorme déficit“il y aurait des conséquences”terribleEnviron 450 ateliers de vitraux indépendants en France, prévient-elle, subissent déjà des tests sanguins annuels et portent des protections pour prévenir les maladies professionnelles. “Cela signifierait la mort de notre profession, en particulier pour ceux qui se sont consacrés à l’hospitalité.“, qui ne sait pas encore”il n’y a pas d’alternative“.

De Notre-Dame de Paris à la Sainte Chapelle, en passant par une succession de monuments historiques, la France abrite le plus grand domaine vitrail au monde et 60% du patrimoine vitrail européen. Selon Emmanuelle Andrieux, seuls 15 à 20 % d’entre eux ont été restaurés à ce jour.

Dans son atelier, de vieux vitraux abîmés sont minutieusement manipulés, dans le silence de la cathédrale, sur une table avec un éclairage de fond qui apporte couleurs et détails. A une rue de là, au sous-sol, un entrepôt de 18 000 m2 de panneaux de verre attend son client.

Exception

Il existe une autre méthode de création : “Tiffany”. Montrant un petit vitrail bleu contemporain aux joints plus fins que d’habitude, le maître verrier de 42 ans montre pourtant que «cette technique est moins solide, moins architecturale et non étanche“. Bande de cuivre, 60% d’étain… 40% de plomb. “Passer au 100 % étain nous coûterait au moins trois fois plus cher. Alors comment vendre nos vitraux ?», demande-t-elle, alors que l’acquéreur paie déjà entre 1 000 et 4 500 euros le mètre carré.

Depuis plusieurs mois, certains politiques comme Catherine Dumas, présidente du groupe d’étude Métiers d’art au Sénat, tentent “pour sensibilisersur ce sujet, avec le gouvernement et le Parlement européen. But? Ces professions avec “les connaissances et l’expérience réelles et un fonds patrimonial important bénéficient de l’exonération», appuie la sénatrice LR, qui parle de «une question de moisavant que la Commission européenne n’adopte sa proposition de révision, initialement prévue pour fin 2022.

Que nous avons également reçu des fonds de recherche pour trouver une alternative», plaide Emmanuelle Andrieux, dont la première revendication est avant tout que «continuer à vivre de (notre) passion“.


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