
Marcel et Loïc Pietri, des tatamis aux habitats néolithiques
Il marche devant nous comme le chef de la montagne. Le long du chemin escarpé menant à l’une de ces fameuses habitations troglodytiques au-dessus de Valdeblore. Ces sommets où Marcel et Loïc Pietri ont soudainement trouvé rendez-vous avec le Néolithique, à travers les dessins.
Tout à coup, Marcel se lève et s’incline. Prenez un petit morceau, presque invisible. Il tend sa main ouverte, affirmant : “C’est de la poterie modèle!”.
Derrière lui, Claude Salicis, président et archéologue dévoué de l’IPAAM dessine un sourire, une expression incrédule. Vérifiez-le… Mais non, le bug a raison ! Un petit éclat témoigne de 4 000 ans de savoir-faire !
Preuve qu’en traversant son territoire, Marcel a trouvé l’oeil du lynx. “Et encore, Loïc est plus gai et enthousiaste que moi !”
Kimono…
Leur (précoce) histoire, Marcel et Loïc Pietri l’ont d’abord écrite sur des tatamis. Champions de judo, de père en fils. De quoi laisser un score d’enfer, aussi !
Marcel était au premier aménagement des cours de jeu au lycée Parc-Impérial de Nice, en 1974. De son côté, Loïc y portait un kimono, trente ans plus tard. Avant même la découverte des peintures rupestres de Valdeblore, leurs palmarès honoraient notre région.
Marcel a été vice-champion de France et vice-champion d’Europe, vainqueur du championnat de Paris (équivalent du grand jeu de tennis).
L’élève Loïc a dépassé le maître, et a été sacré champion de France, mais aussi du monde en 2013 ! Et toujours l’envie de vivre les JO, lui qui est déjà connu à Rio. Un « gamin » (81 kg de muscle) qui a toujours marché dans les pas de son père, suivant sa propre voie.
… et des livres
“Depuis que je suis petit, il passait ses journées avec moi sur les tatamis et m’accompagnait même aux compétitions, dormant dans des hôtels”, sourit son père, pas un peu fier. Un partenariat, une collaboration, qui se sont réunis au-delà des dojos.
« Je l’ai emmené tout de suite à la montagne. D’ailleurs, quand il rentre à Nice, Loïc ne reste pas, il veut aller à Valdeblore tout de suite, rapporte Marcel, un fils du coin dont le grand-père, originaire de Mollières, avait déjà pris racine. Dans ce pays, n’importe quoi jusqu’à (français ou italien). Quand on partait à la chasse avec Loïc, on mettait le réveil à trois heures du matin, pour monter à 2 600 mètres. Il bavardait, mais il voulait quand même repartir. . Pour lui, c’était déjà de petits défis.”
Chasseurs d’animaux, photos, grand air, mais aussi passionnés d’histoire. La passion qui est venue des livres de Louis Pietri (le père de Marcel), libraire, alors que sa femme Andrée a su sortir de la situation ordinaire des villageois et s’élever au rang d’institutrice.
“C’est lui qui nous a le premier transmis son amour de la montagne et sa liberté. Sans téléphone à cette époque, il serait parti de longues heures vers le sommet.”
Mauvais à la guerre, comme les Ligures…
C’est aussi à quelques mètres de la maison des parents où Marcel a établi sa propre maison, à La Roche Valdeblore. Une ancienne grange retrouvée en 1981, qu’il a remodelée pour en faire la maison de Pietri, la nouvelle génération. « Pour mes enfants (Loïc a une sœur qui s’appelle Chloé), c’est leur vraie maison.
Il y a aussi, entre les murs de pierre et de bois, une collection d’outils agricoles, de fossiles ou de cartes postales, dont lors du nettoyage, Marcel fit sa première découverte. Des pièces de poterie qui l’ont déjà inspiré pour recréer un ancien puzzle. D’un souvenir enfoui. Son jardin secret.
“J’ai toujours dit à Loïc : tu verras, un jour, on aura des photos de la grotte.” Les prévisions ont mis du temps à se dessiner.
Jusqu’à l’été dernier, avec ce projet de prendre des photos avec un drone, depuis le site de plantation. Et cette incroyable photo découverte du sanctuaire du héros, qu’il faudra sans doute sanctifier à son tour.
“Moi, je pense qu’à cette époque, le village était plus haut, contre ces rochers, parce que les habitants voulaient se cacher dans la chaleur du rocher.”Marcel donne une réflexion, jamais à court de théorie.
Lui, vieux guerrier du tatami, se contente même de citer l’historien grec Strabon, qui écrira ceci, à propos de ses ancêtres liguriens : “Ils sont petits, costauds, mais durs au combat. Comme les Corses, ce sont de très mauvais esclaves.” Définition de Pietri.
Mais méfiez-vous de ceux qu’ils appellent les hommes des cavernes!