

Le centre complet est loin de faire l’unanimité des experts. Elle devrait simplifier les formalités imposées aux entreprises, mais elle les complexifie, au risque de ralentir l’activité économique.
Annoncé comme une solution pour simplifier les formalités inhérentes à l’ouverture, la modification ou la suppression d’un commerce, le guichet unique est loin de tenir toutes ses promesses. Créé à partir de la loi Pacte et confié à l’Institut national de la propriété industrielle (INPI), il devrait regrouper six anciens centres de formalités . Une sorte de six en un, accessible d’un simple clic sur formalites.entreprises.gouv.fr. Théorique. Mais depuis le 1er janvier, rien ne va plus ! “C’est un dispositif qui augmente la formalité, condamne Delphine Sabatey, présidente de l’Ordre régional des experts-comptables. Les délais s’allongent et les entreprises se voient demander davantage de pièces justificatives. S’il ne s’agit que d’un dépôt de facture, l’agent doit maintenant joindre la procuration de son client pour le changement. »Les exemples de ce type sont nombreux.“D’ailleurs, il n’y a plus de formalité à suivre. »
Au client ou à son représentant de s’informer de l’état d’avancement du dossier via la plateforme.“Comme si souvent, l’argument de la simplification a été avancé et, comme si souvent, il ne simplifie pas , constate Me Nicolas Gillet, Bâtonnier de l’Ordre des Avocats de Poitiers. AU
On ne sait jamais par quelle méthode d’enregistrement, papier ou non, on va commencer. Et nous n’avons aucune visibilité. »
Complexité = danger Au cours du mois écoulé, les situations de blocage se sont multipliées, avec le risque d’un“un ralentissement drastique de l’économie du pays” prévient Delphine Sabatey. “Nous avons créé un modèle plus complexe que le précédent. Dans un environnement où, quel que soit le domaine, il faut être réactif et très agile, on ne maîtrise plus aucun délai. Nous savions avant que nous aurions Kbis ( note éditoriale, un document confirmant l’existence juridique d’une société commerciale ou d’une société commerciale)dans un délai maximum de trois jours. Envoyé au client aujourd’hui. » Cependant, il stipule, entre autres, le déblocage des fonds bancaires.
“Les constructeurs automobiles sont les premiers concernés. Avant, cela ne prenait que quelques clics. Aujourd’hui, compte tenu de la complexité, certains entrepreneurs pourraient renoncer à l’immatriculation… Ou maintenir leur activité dans la clandestinité. » Au tribunal de commerce de Poitiers, la baisse d’activité est déjà sensible.“Le greffe reçoit désormais à peine 15% des documents qu’il recevait auparavant” , constate son président Claude Vallat. Pour cette raison,“Nous attendons la réouverture d’Infogreffe tant que le guichet unique ne fonctionnera pasdit Delphine Sabatey.
Il ne s’agit pas d’y renoncer, mais l’outil n’était pas bien conçu, les professionnels du droit et des chiffres ont été trop vite exclus de son développement. »